jeudi 20 août 2015

UN MAROQUIN TOURMENTÉ PAR LES RÉVOLUTIONNAIRES

JUSTE QUELQUES LIGNES POUR CEUX QUI SONT PRESSÉS. (C’est dommage : dans la suite du texte, on tourne les pages d’un manuscrit du XVIIème s. ; on fait – chlac – tomber les têtes ; on revient sur la prophétie de Cazotte ; on cherche à savoir pourquoi les larmes sont ou froides ou chaudes.) 

Il est des livres comme des hommes, qui semblent irréductibles.
On peut affirmer que celui que nous tenons en main fait partie de ceux-là.

Il s’agit d’un manuscrit de philosophie rédigé par une main ferme et élégante à la fin du XVIIème s. Les phrases y sont parfaitement alignées. Les espaces ménagés dans la page laissent libre champ au développement de la pensée.
Sur les plats de ce petit in-folio, relié dans un maroquin strictement contemporain, ont été frappées des armes « à la flamme, accompagnée en chef de deux étoiles et en pointe d’un croissant; à la fasce de gueule, brochant sur la flamme ».

Sur la page de garde un ex-libris au lévrier supporté par deux lévriers et coiffé d’une couronne de marquis. C’est celui des Nicolay. Vieille famille de France. Grands serviteurs du roi s’il en fut.

Autant l’ex-libris est bien connu, autant les armes ne sont pas aisées à identifier. Autrement dit, on sèche. Et quand on sèche, on a le réflexe de saisir l’Olivier (1). On l’ouvre. On espère un miracle.
Merveille des merveilles : les armes que nous cherchons à identifier s’y étalent, reproduites noir sur blanc. On se reporte à la notice correspondante et, ô Bonté divine, on y lit l’exacte description de l’exemplaire que nous avons en main. Notre âme bibliophile jubile…puis s’effondre : le Manuel de l'amateur de reliures armoriées n’a pas pu retrouver la bibliothèque dont fut retiré le manuscrit qu’il décrit.
Il en faudrait beaucoup plus pour arriver à nous détourner de l’ouvrage. Nous envoyons des bouteilles remplies de petits messages de S.O.S. à la mer des érudits de France. 


QUELQUES LIGNES SUPPLÉMENTAIRES POUR CEUX QUI N’ONT PAS NON PLUS LE TEMPS (mais qui le prennent). 

Un après-midi, Philippe Palasi, professeur d’histoire, fou d’héraldique, créateur du site palisep.fr qui recense plus de 160 000 armoiries, nous envoie le mail de la révélation. Les armes frappées aux plats du maroquin sont celles de Claude Gallard, seigneur de Courances, dont les jardins sont toujours célébrés de nos jours.

Renseignements pris, chez les Gallard, on est visiblement très Claude. Successivement Claude I, Claude II et Claude III s’ingénient à faire de Courances une propriété délicieuse. Acquise en juillet 1622 par Claude I, elle ne cesse d’embellir. Claude II « continue avec non moins d’entrain que de bon goût l’admirable grandiose ébauché par son père. Il construit le théâtre, la maison du jardinier, plante d’ormes la grande avenue allant du château à la route de Lyon, que ferment des barrières et de larges fossés remplis d’eau vive» et se ruine quasiment à la tâche.(2)

Puis, par le jeu des mariages sans descendance et des successions par les filles, en 1769, c’est « Le grand Nicolay », grand par la taille mais surtout par le cœur, qui devient le maitre de céans. Premier Président de la Chambre des Comptes de Paris en 1773, conseiller du roi, Aymar de Nicolay fur élu député de la Noblesse de Paris aux Etats Généraux de 1789. Cette même année, il entrait à l’Académie Française et y prononçait son discours de réception dont la fin se révéla un vibrant plaidoyer pour Louis XVI qui déclencha une vague de murmures (3). On saurait le lui rappeler en temps voulu.
Quelques temps auparavant, un soir de 1788 resté célèbre pour sa bizarrerie, alors qu’il soupait joyeusement en compagnie de brillants esprits, Cazotte lui prédit l’échafaud, ainsi qu’à Malesherbes, à madame de Grammont et, parce qu’on n’est jamais mieux servi que par soi-même, à lui-même. En verve, l’auteur du Diable amoureux prophétisa aussi la mort par poison à Condorcet, le tailladage des veines à Chamfort, la conversion au catholicisme à La Harpe qui faillit s’en étrangler de rire…Mais Cazotte avait raison : son heure n’avait pas sonné ! (4). 

Et de fait, le 7 Juillet 1794, Nicolay, âgé de 47 ans, monte à l’échafaud. Chlac ! Sa tête tombe. Puis cou(p) sur (cou(p), le 9 juillet, chlac, celle de son fils et chlac, celle d’un de leurs oncles la rejoignent dans le panier. 
Bien rythmée, bien nette cette valse des chefs. Mais quel rapport me direz-vous, avec notre philosophie maroquinée? Elle n’avait – pensez-vous - rien à craindre, bien à l’abri dans la bibliothèque de Courances, bibliothèque en passant, ravissante, tendue aujourd’hui d’une rarissime suite de trois tapisseries du tout début du XVIIème siècle représentant des singeries. Mais cela est une autre histoire qui nous mènerait trop loin, jusqu’aux salons de l’austère Sully (5). 

Revenons-en à ce qui se passe en cette fin chaotique du XVIIIème siècle qui contamine jusqu’aux rayonnages de Courances. Déjà en 1791, « des gardes nationaux, dont le nombre se grossit des recrues faites sur leur parcours, arrivent tout haletants, placent plusieurs pièces de canon sur le faîte de Montmoyen qui domine le château, avec ordre de faire feu au moindre signal de résistance ; ils pénètrent avec une audace indescriptible dans tous les appartements, non sans visiter jusqu’au moindre meuble et se rendre coupable de cruautés. Enfin, ils avouent que la dénonciation est archi-calomnieuse, se confondant en excuses, non sans regretter leur imprudente précipitation et les atrocités envers les châtelains dont ils reconnaissent la haute bienveillance. »

La famille royale, elle, n’aura pas connu la douceur des pardons. Antoine de Meaux qui ouvre son magistral Fleuve guillotine qui vient de paraitre, sur la journée du 10 août 1792 vue de l’intérieur du Palais des Tuileries, ne le démontre que trop bien (6).

Si le roi, la reine, les enfants royaux et quelques intimes se retrouvent emprisonnés au Temple, madame de Nicolay de son côté, en 1793, se réfugie à Saint Germain-en-Laye. « Elle n’y perçoit rien de ses propriétés dont la garde est confiée à un nommé Chapeau, ses biens sont séquestrés, ses récoltes vendues à l’enchère et à vil prix, ses canaux presque dépeuplés, quantité d’objets précieux enlevés, ses papiers sous scellés, sa bibliothèque dispersée » (2).

Nous y voilà. La bibliothèque Gallard, constituée au long du XVIIème s., conservée, compulsée, enrichie par Aymar de Nicolay qui en avait fait sa bibliothèque d’étude est éparpillée façon puzzle. Des exemplaires qui la peuplèrent, rares sont ceux qui ont refait surface. Et c’est en cela que cette Introduction à la philosophie morale doit être considérée comme un témoin de premier ordre.

Témoin d’abord des bibliothèques constituées au fil du temps, grandissant de génération en génération, passant de famille en famille. Le temps, l’espace manquent aujourd’hui et l’idée de l’héritage de papier a fait long feu bien que rien n’empêche de le décliner au goût du jour en constituant une bibliothèque portative, « peu nombreuse mais choisie »(7), resserrée autour de nos auteurs essentiels, de nos livres vertébraux.
Témoin aussi, ce livre l’est de la Révolution, brise fer et tête à claques, fan des pillages, des saccages, du martelage des gisants de Saint Denis pour ne citer que celui-là. Préserver cet exemplaire de la fin du XVIIème et de la bibliothèque de Courances, c’est en un sens mettre ses pas dans les pas d’hommes héroïques qui avancèrent à contre-courant dans la foule en furie de 1789, dans ceux d’Alexandre Lenoir à qui l’on doit la création du Musée des monuments français et dont l’exemple inspira les Viollet-le-Duc et Mérimée.


Témoin enfin, il l’est, de la force épatante de la Mémoire humaine. Prendre le temps d’exhumer l’histoire de ce manuscrit relié en maroquin, l’acquérir, c’est rappeler à la vie, des lecteurs, une maison, des événements, une main qui écrit, une main qui relie, une main qui manie les fers à dorer. Est-on ici si loin que cela des scientifiques qui ont mis au point les méthodes de déchiffrage des œuvres de Lucrèce sur rouleaux de papyrus retrouvés calcinés dans une maison de Pompéi (8) ? Je ne le crois pas. Toute pierre blanche – même la plus modeste - est nécessaire au bel édifice.

Malgré son importance biblio-historique, l’Introduction à la philosophie morale se laisse feuilleter sans faire sa fiéraude, sans tirer à elle la couverture. Et c’est tant mieux car elle n’a pas pris une ride. L’auteur, qui parfois parle à la première personne, y disserte à partir de l’Éthique à Nicomaque d’Aristote « que vous et moy devons admirer et recognoistre pour le plus rare esprit qui se soit jamais fait paroistre par ses escripts ». Quelques philosophes modernes apparaissent ça et là, à l’instar de Coiffeteau dont le célèbre Tableau des passions humaines, de leurs causes et de leurs effets, publié en 1620, ne convainc pas notre philosophe masqué. 

Une première partie étudie la félicité et les moyens d’y arriver ; la seconde, les facultés humaines et la dernière, au fil de 49 courts chapitres, des actions humaines, passion, vertus, justice, droit et longuement de l’amitié.
Quelques passages nous ramènent à notre condition humaine de chair, de sang et d’eau, évoquent ces « vapeurs qui montent au cerveau durant la tristesse [et qui venant] à rencontrer le cerveau sont aussitôt changées en eau qui sort par les yeux ». Et l’auteur, tout sage qu’il est, tout détaché qu’il doit être, prend le temps de nous faire comprendre pourquoi les larmes sont chaudes dans la tristesse et froides dans la joie. 
© texte et illustrations villa browna / Valentine del Moral.

NOTES
(1) in extenso, le Manuel de l'amateur de reliures armoriées françaises d’Olivier, Hermal et Roton que pour plus de commodité on réduit au seul nom d’Olivier. 
(2) La Seigneurie de Courances, in Annales Société Historique du Gâtinais – Tome 11 – 1893. 
(3) Extrait de la fin du discours de Nicolay : « …D’autres merveilles se préparent : la Nation va s’assembler ; le meilleur des Rois s’environne de ses sujets ; il vient délibérer avec eux sur les intérêts de la grande famille. Les plaies sont dévorantes & invétérées, l’abîme est profond, mais nous en sortirons avec gloire. C’est du sein des désastres ; c’est au milieu de ses ruines, que Rome épuisée et presque anéantie, devint la maîtresse du Monde. Une Monarchie de quatorze cents ans, qu’il faut rendre immortelle ; un Maître vertueux et digne de notre amour ; vingt-quatre-millions d’hommes, qui composent le Peuple le plus généreux et le plus sensible de l’Univers, à rendre heureux : voilà le vaste et sublime objet des méditations et des efforts des États Généraux... »
(4) Œuvres choisies et posthumes de La Harpe.
(5). Nicole de Reyniès. La tenture de Sully au château de Courances. Contribution à une histoire des singeries. In: Revue de l'Art, 1987, n°77. pp. 66-72. www.persee.fr/doc/rvart_0035-1326_1987_num_77_1_347656 
(6) Antoine de Meaux, Le fleuve guillotine, éditions Phébus, 2015. Et sur www.facebook.com/LeFleuveguillotine?fref=ts 
(7) Formey, Conseils pour former une bibliothèque peu nombreuse mais choisie, ouvrage paru pour la première fois en 1746 et qui proposait le portrait de la bibliothèque idéale de l’honnête homme des lumières. 
(8) Stephen Greenblatt, Quattrocento, Prix Pulitzer 2012.


LE LIVRE QUI A PERMIS D’ÉCRIRE CETTE LORGNETTE est en vente à la librairie:


MANUSCRIT Introduction à la philosophique morale.
 S.l.n.d.
Petit in-folio en plein maroquin, dos à nerfs orné de caisson et de légères roulettes. Plats encadrés d’un double filet frappé en son centre d’armes « à la flamme, accompagnée en chef de deux étoiles et en pointe d’un croissant; à la fasce de gueule, brochant sur la flamme ». Tranches dorées. Petites usures, coiffes arasées avec un petit manque à l’inférieure, fentes sans manque en bas du dos, petites tâches rondes en bas du plat arrière.  

[3], 263, [4] ff.
C’est précisément cet exemplaire qui a été décrit dans le Manuel de l'amateur de reliures armoriées françaises. « Fer frappé sur un manuscrit du XVIIe siècle intitulé Introduction la philosophie morale ».
Manuscrit d’une seule main et très lisible. Introduction à la philosophie morale.
Ex-libris Nicolaÿ contrecollé, légèrement frotté.

Olivier, Hermal et Roton n° 1558.

jeudi 28 mai 2015

BLAISE ET GLEIZES, deux théoriciens pour un même ciel

JUSTE QUELQUES LIGNES POUR CEUX QUI SONT PRESSÉS.   (C’est dommage : dans la suite du texte, on assiste à un dialogue d’outre-tombe, on remonte à contre-courant le long fleuve de la création, on compare cubisme, playmobil et smiley, on suit à la trace des noirs sauvageons) 

aquarelle originale d'Albert Gleizes
Drôle de voyage neuro-temporel qu’a effectué Albert Gleizes en 1950. Ce chantre de l’abstraction propose aux amateurs, rien que cela, de rentrer dans les Pensées de Blaise Pascal. Il fait paraître à Casablanca aux éditions de la Cigogne, un livre d’artiste de premier ordre, livre qui est arrivé entre nos mains enrichi d’une très belle gouache originale, de dessins originaux, de gravures en premier état et de la rare plaquette explicative qu’il rédigea dans la foulée.
A première vue, rien ne lie Blaise et Gleizes, ni le siècle dans lequel ils vécurent, ni leurs domaines de prédilection. Leurs années de formation les opposent, Gleizes (1881 - 1953) étant autodidacte, Pascal
(1623 – 1662) ayant reçu une éducation policée. Cependant, chacun à leur manière, les deux bonshommes furent des théoriciens hors-pair. Le Traité de l’équilibre des liqueurs de Blaise par exemple marque l’histoire de la mécanique et permet après que les méthodes du calcul infinitésimal aient été développées, à d’Alembert et ses successeurs de formuler la théorie générale des fluides. Du Cubisme que Gleizes cosigne avec Metzinger en 1912 légitime les peintres cubistes en affirmant que « le fait de se mouvoir autour d'un objet pour en saisir plusieurs apparences successives qui, fondues en une seule image, le reconstituent dans la durée, n'indignera plus les raisonneurs ».
C’est donc par le fil de la théorie que le courant passe entre eux deux.
 
 
QUELQUES LIGNES SUPPLÉMENTAIRES POUR CEUX QUI N’ONT PAS NON PLUS LE TEMPS (mais qui le prennent).

Le fil de la théorie d’une part et d’autre part l’expérience de la conversion qui les transforme tous les deux. 
Début novembre 1654, Pascal et quelques amis ont pris place dans une voiture qui les brinquebale via le pont de Neuilly. En le franchissant, les chevaux dérapent et se déportent sur le côté. Dans leur élan, ils défoncent le parapet et plongent dans la Seine. Pascal croit sa dernière heure arrivée. Mais l’attelage se rompt et la voiture stoppe en équilibre oscillant dangereusement entre la terre ferme et le vide. Les chevaux sont perdus, les hommes sauvés, Pascal sonné. Il ne sort que quinze jours plus tard de cet état comateux, état remplacé aussi sec, le 23 novembre par une extase qui le tient en transe de dix heures et demie du soir à minuit passé. Pour lui-même, il écrit alors une note brève, connue en littérature sous le nom de « Mémorial », qui commence par « Feu. Dieu d’Abraham, Dieu d’Isaac, Dieu de Jacob, pas des philosophes ni des savants… » et s’achève sur le Psaume 119,16 : « Je n’oublierai pas ces mots. Amen. » Remarquez bien qu’il ne risque pas de les oublier puisque tout le restant de sa vie, il va coudre secrètement ce bout de papier dans l’ourlet de chaque vêtement qu’il porte. C’est un valet qui le découvrira par hasard après sa mort.
L’expérience est moins spectaculaire en ce qui concerne Gleizes quoique tout aussi décisive. Nous sommes en 1918. Albert Gleizes surgit d’on ne sait où et se plante devant sa femme qui est en train de peindre des acrobates. Les yeux exorbités, le geste débridé, il s’écrie : « Un truc terrible vient de m’arriver, je retrouve Dieu. Dieu existe. On ne peut pas se passer de lui ». Sa femme détache lentement son regard de sa toile et posément : « Allons bon Albert. Ne t’en fais pas. Prends donc une tasse de thé et tu verras tout ira mieux ». Puis, elle retourne à son ouvrage.
Madame Gleizes a visiblement sous-estimé l’impact de la révélation sur son mari. Ses recherches picturales se feront dès lors toujours plus spirituelles.
Par des chemins parallèles qui ne se croisent pas, Blaise et Albert sont arrivés à la même conclusion qu’il y a deux sortes de foi.  Elles sont humaine et divine pour Pascal qui constate que seule la foi divine ne peut pas être sujette à erreur, parce que Dieu ne peut ni nous tromper, ni être trompé. Elles sont humaine et artistique chez Gleizes pour qui, seule la foi artistique ne peut être sujette à erreur, parce que l’art ne peut ni nous tromper, ni être trompé. C’est ce qu’il y a de plus transcendant chez l’homme.
Et voilà qu’en 1950, le peintre part à la rencontre du penseur. Il met sa main au service des mots de Pascal. Le biographe de Gleizes, Peter Brooke, a vu dans ce livre d’artiste un testament en cinquante-sept eaux fortes. Ce ne fut pourtant pas un projet personnel puisque ce fut au contraire une commande de 1948 qui émanait de l’éditeur Jacques Klein. Pourtant Gleizes s’y jette à corps perdu. L’année 1949 sera toute entière consacrée aux illustrations des Pensées. Au fil des semaines, il se surprend à revisiter les différentes périodes de son travail depuis 1914. Sa concentration est intense, son engagement physique total. Il a 68 ans, une faiblesse aux yeux qui dégénère en inflammation. Il perdra l’usage de son œil droit l’année suivante.
du dessin à la gravure
L’exemplaire que nous feuilletons, un des 19 du premier papier, a ceci de saisissant qu’il nous permet d’approcher au plus près l’artiste dans sa démarche. Outre la suite en bistre de toutes les illustrations, il recèle une suite en noir de 15 eaux-fortes préparatoires, 3 dessins originaux et une gouache originale. Nous voilà parés pour remonter à contre-courant le long fleuve de la création, de l’image aboutie à l’image ébauchée.
du cubisme au smiley en passant par le playmobil
Les dessins préparatoires montrent des lignes et des courbes tracées d’une main sûre que seule l’encre vient adoucir
danses macabres
en décidant ici ou là de sortir un peu plus épaisse, un peu moins régulière. Gleizes appuie plus ou moins sur le papier comme il entaillera plus ou moins profondément sa plaque à graver. Toute trace de crayon à papier a disparu. Seul subsistent les traits d’encadrement. C’est au crayon également qu’il signe et paraphe les dessins.
Il n’est pas question de passer en revue chaque eau-forte et d’abord parce que la découverte de chacune d’elle reste une expérience rare qu’il faut tenter individuellement.
On peut cependant difficilement résister à en présenter une ou deux pour le plaisir d’y déceler le double apport pictural de Gleizes et de l’histoire de l’art universelle. Ne pense-t-on pas infailliblement aux danses macabres du Moyen-Age, à celle du cimetière parisien des Saints Innocents en devinant sous une arcade stylisée un squelette qui invite du bras un élégant mortel à le suivre. La tête de l’homme préfigure les yeux ronds des Playmobil et la bonhommie des smileys qui voient  successivement le jour dans les années 70.
 

L’icône de la Transfiguration de Théophane le grec, par ses lignes, ses montagnes géométriques annonce quant à elle le cubisme humanisé de Gleizes. Rien ne se crée, rien ne se perd, tout se transforme et le cubisme qui fut d’avant-garde, moderne pour un temps, apparait désormais classique.

Quant l’ascension de la Vierge, vitrail d’aquarelle dans lequel on retrouve le bleu immuable de la robe virginal, il est détouré d’un noir immanent à l’art de Gleizes, qui n’est pas sans rappeler le cerne des vitraux. Parfois léger, parfois envahissant, il joue à cache-cache avec toute une palette de roses qui va jusqu’à virer au violet, mélange du bleu (la divinité) et du rouge (l'humanité). Dieu s'est fait homme, voilà ce que rappelle la composition de Gleizes.

Plus largement, le placement erratique du noir semble avoir conquis le XXe siècle laïc et religieux. A la Vierge de Gleizes on peut comparer la Psyché du maître verrier Louis Barillet (1880-1948). Autour des deux dames, les noirs sauvageons se répartissent sans logique créant un malstrom visuel digne du foutoir provoqué par les conflits armés du siècle qui les a enfantées.

Dans la plaquette qui fut le support de l’exposition qui accompagna à l’été 1950 la parution des Pensées de Pascal sur l’homme et Dieu, Gleizes donne « quelques explications pour aider le lecteur à pénétrer le caractère un peu mystérieux des illustrations qui accompagnent le
plaquette explicative
texte pascalien ». Il « espère qu’elles aideront le lecteur à suivre aisément les intentions de l’illustrateur. Ces intentions ne sont pas compliquées. […]  Pascal, géomètre et mathématicien, au XVIIe siècle, recouvra la raison de la réalité à ses divers échelons, il retrouva l’Homme et Dieu. Au XXe siècle, l’anticipation pascalienne ne saurait demeurer dans l’exceptionnel ; puisse cette édition du grand texte aider des bonnes volontés à se redécouvrir en reprenant conscience de l’Incarnation ». Gleizes ne forme pas de vœux pour le lecteur du XXIe siècle. C’est peut-être Guillaume Apollinaire qui s’en est chargé en synthétisant d’une phrase le travail du plus humaniste des cubistes : « La majesté, voilà ce qui caractérise avant tout l'art d'Albert Gleizes. Il apporta ainsi dans l'art contemporain une émouvante nouveauté. »

© texte et illustrations villa browna / Valentine del Moral.

LE LIVRE QUI A PERMIS D’ÉCRIRE CETTE LORGNETTE est en vente à la librairie:

[Albert GLEIZES]  Blaise PASCALLes Pensées de Pascal sur l'homme et Dieu.

Casablanca, éditions de la Cigogne, 1950.
 In-4, en feuilles, couverture rempliée, sous chemise et emboîtage.

206 pp., suite des originaux et suite en bistre, suite des eaux-fortes préparatoires. Feuillet de publicité.
Un des 19 exemplaires de tête sur vergé de Montval à la main, filigrané aux armoiries de Pascal, contenant:
3 dessins originaux,
une gouache préparatoire,
une suite en bistre de toutes les illustrations du livre,
une suite en noir des 15 eaux-fortes préparatoires.
Parfait état de ce remarquable livre d'artiste illustré de 57 eaux-fortes originales d'Albert Gleizes dont plusieurs en hors-texte. Tirage limité à 235 exemplaires. 

Monod, Vol. II n° 8882, J. Loyer n° 21 à 77.

BIBLIOGRAPHIE
Peter Brooke, Albert Gleizes: for and against the Twentieth Century. Yale, 2001.Emile Picard,secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, Discours à l'occasion du Troisième centenaire de la naissance de Blaise Pascal, célébré à Clermont-Ferrand. 

Catherine Mayaux, « Séduction du rite et conversion par l’art, de Huysmans à Claudel », Revue de l’histoire

des religions [En ligne]

http://www.exponaute.com/magazine/2013/07/10/gleizes-et-metzinger-binome-cubiste/
http://17emesiecle.free.fr/Pascal.php  http://www.academieduvar.fr/oeuvres/heures/heures2014/PerreauJacob.pdf 
 

dimanche 29 mars 2015

POINTS DE SUTURE ET EFFETS DE MANCHE. Quand la chirurgie et la justice nous dévoilent le XVIIIe s.


JUSTE QUELQUES LIGNES POUR CEUX QUI SONT PRESSÉS. (C’est dommage : dans la suite du texte, on invente l’airbag lingual, on suit le procès de Martin Guerre, on reconnait Rastapopoulos, on avale le Grand remède, on assassine des perroquets qui parlent anglais, on lit le Code noir, on combat le cancer.)


Mais puisqu'on vous dit que c'est "sans danger"
Avez-vous un os en travers de la gorge ? Pas de panique, c’est fastoche, on va vous le retirer à la lumière d’une bougie en le poussant « dans l’estomach avec une éponge montée sur une tige de baleine, renfermée dans un boyau de mouton ». Un petit abcès à la gencive? Ils vont arranger ça... « C'est sans danger » comme dirait Laurence Olivier à Dustin Hoffman dans Marathon Man

Mais si vous avez reçu un coup d’épée, une balle de mousquet, il faudra peut-être bien vous allonger sur le billard et montrer vos tripes aux spectateurs. Véritable spectacle au début du XVIIIe s, les représentations d’opérations chirurgicales sont alors souvent publiques. Avec un peu de chance, votre cas fera l’objet d’une communication dans les Mémoires de l’Académie Royale de Chirurgie. Si vous ne survivez pas à l’opération, votre famille pourra toujours attaquer en justice le chirurgien et votre histoire sera peut-être publiée dans les Causes célèbres et intéressantes.
Deux Best-sellers du XVIIIE s.
La littérature chirurgicale illustrée est à l’époque lue avec avidité par les patients en puissance. Les rois du bistouri y publiant leurs avancées, y dévoilant leurs techniques, en retirent de la gloire et étoffent leur clientèle. C’est tout « bénef » ! Alors que la publication à partir de 1743 des Mémoires de l’Académie Royale de Chirurgie est largement plébiscitée, il est frappant de constater que l’autre best-seller de cette moitié du XVIIIe s. ressemble, dans sa structure et dans son foisonnement d’anecdotes, comme deux gouttes d’eau aux Causes célèbres et intéressantes avec les jugemens qui les ont décidées recueillies le sieur Gayot de Pitaval qui tâta tour à tour du séminaire, de l’armée, du barreau puis du ruisseau dans lequel il tomba sans espoir de se relever. 

QUELQUES LIGNES SUPPLÉMENTAIRES POUR CEUX QUI N’ONT PAS NON PLUS LE TEMPS (mais qui le prennent). 


 
Best-sellers du XVIIIe siècle
La diffusion des savoirs chirurgicaux au fil du XVIIIe siècle est bientôt freinée par l’Académie, celle-la même qui l’a favorisée : elle passe au crible toujours plus fin les textes communiqués, elle contrôle l’information chirurgicale, en un mot elle censure et met des bâtons dans les roues des publications rivales lorsqu’elles pointent le bout de leur page de titre. Les Causes célèbres, elles, se verront progressivement éclipsées par la presse judiciaire qui vit le jour dès le début du XIXe s.
Mais en ce milieu du siècle des lumières, ces deux poids lourds de l’édition sont au firmament. On s’arrache les Mémoires qui fourmillent d’expériences vécues, de traités, de témoignages, de planches dépliantes à la fois fines et explicites qui captivent jusqu’au lecteur du XXIe siècle. Les Causes empilent les faits, les anecdotes, les questions des accusateurs et les réponses des vilains messieurs et des blanches colombes. Gayot de Pitaval, l’inventeur du concept des Causes célèbres aimait à l’évidence compiler. Déjà en 1729, dans L'art d'orner l'esprit en l'amusant,  il avait emmagasiné bons mots et historiettes de l’acabit de celle-ci : « un peintre qui avait de forts beaux tableaux avait des enfants laids: on lui demanda la raison de cette différence:
Airbag lingual
c'est que je fais, répondit-il, mes tableaux le jour et mes enfants la nuit. » Il se régala à parsemer les volumes des Causes de procès tous azimuts. On suit  des cas de sorcellerie « comme si on y était », dont l’affaire de la possession des Ursulines de Loudun et l’affaire Louis Gaufridy, toutes deux traitées bien différemment par Michelet dans La sorcière. On sait que l’épilepsie fut longtemps décryptée comme un signe évident de diablerie bien que des personnes éclairées, dès le XVIe s., le médecin Jean Wier par exemple, affirmèrent qu’il suffirait d’un peu de médecine et de bon sens pour expliquer bien des possessions. Il fut pour cela violemment fustigé. L’éminent juriste et économiste Jean Bodin (1529-1596), qui se piquait de démonologie, le traita de « mage démoniaque », tandis que  jésuite espagnol Martín Antonio Delrío le surnommait « Wierus hereticus ».
Dans les pages consacrées à l’épilepsie dans les Mémoires, il n’est plus question de démontrer la possession, mais plutôt de soulager les crises. On recommande l’emploi d’un appareil empêchant de se couper la langue. Les crises d’épilepsie à répétition d’une demoiselle de 15 ans, racontées par le menu, permirent au docteur Pibrac, opposé à l’abus de sutures, de mettre au point son engin. Une planche dessinée avec précision montre le bridon de fil et de rubans destiné à retenir «  une petite bourse de linge fin pour loger exactement la langue » aisée à nettoyer « avec un pinceau trempé dans le vin miellé ». L'airbag lingual était né. 


Martin Guerre d'ADN
avoir une dent contre la vérole
Mettre en parallèle les deux séries d’ouvrages stimule. On s’interroge, on s’étonne. Parfois, elles se répondent de façon surréaliste, ce qui n’est pas pour nous déplaire. Côté Mémoires, on s’applique à réduire les hémorragies dues à l’arrachage des dents. Foucou, dentiste bricolo, met au point un appareil destiné à maintenir la charpie sur le trou pratiqué, tout en laissant la salive et la parole s’écouler. Côté Causes, on suit la plainte d’une gourgandine, Marie-Anne Autou, vérolée jusque au trognon et sur les muqueuses de la gorge. Elle attaque le sieur Guillaume de la Roquette, chirurgien, qui lui avait conseillé d’avaler le « Grand remède », autrement dit du mercure. Ah pour ça, les symptômes ont disparu mais par la même occasion, « la bouche de Marie Autou en a été toute démeublée ». L’Autou est furieuse et en chuintant à travers ses gencives orphelines, elle demande réclamation. On lui faire comprendre qu’elle n’avait qu’à pas commencer et que « si elle a la bouche bridée, c’est parce qu’elle n’a pas su mettre la bride à sa passion qui lui a causé un mal funeste ». Ne nous inquiétons pas pour la dame qui aura sûrement trouvé à rentabiliser son absence de dents…


Et remercions plutôt l’ignorance dans laquelle le XVIIIe était de l’ADN qui permit à Martin Guerre de jouer les revenants et à Gayot de Pitival de relater par le menu son procès dans ses Causes. Remercions aussi les messieurs d’avoir mis des boucles à leurs souliers, pour que les petits enfants les portent à la bouche et les avalent pour permettre aux chirurgiens de se creuser la tête. Les résolutions de l’ingestion d’épingles, de châtaignes, de boucle de soulier donc et autres arêtes de poisson sont légion dans les Mémoires.


Recueils des plus réjouissants, Causes et Mémoires ne suivent aucun ordre de sujet ; cela put leur être reproché autrefois. Cela nous comble d’aise aujourd’hui. Au hasard, côté bistouri, on passe d’une césarienne sur femme vivante – réussie – au traitement des becs de lièvres – moins concluant - ; de l’opération de la cataracte au traité de l’arrachage des membres. La très belle planche des doigts sectionnés


qui laissent s’échapper de la plaie béante leurs jolis tendons serpentins hypnotise. L’auriculaire du XVIIIe s. parait presque plus réel que le nôtre dans lequel bat un sang régulier. Le panégyrique des machines pour « prévenir et guérir la courbure de l’épine » atteinte de scoliose se mesure à l’éloge des forceps et autres « tire tête à double croix » imaginé par M. Baquié maître-es-arts, si bien conceptualisé par M. Ingram dessinateur de l’académie que « les couteliers pourront l’exécuter dans la plus exacte précision » et les obstétriciens s'en servir sur d'infortunés futurs nourrissons.
 
tire-tête de compétition pour futur nourrisson

Côté plaidoiries, on passe en revue des cas d’impuissance, de bigamie, d’assassinat de conjoint, de conspiration de lèse-majesté, de procès d’inconnus-au-bataillon à celui de la bergère de Domrémy, d’hermaphrodisme. « Le lecteur découvrira donc les aventures d’Angélique de la Motte, du chanoine Rafanel et de Marguerite Malaure, soupçonnés, à tort ou à raison, d’être des hermaphrodites, état gênant en lui-même, mais a fortiori sous l’Ancien Régime, peu porté à la tendresse envers les exclus de tout poil. »

code noir
En effet, parfois, on frise avec l’Histoire avec un grand H. On note la demande de recouvrement de liberté « par un Noir venu sur le territoire français ». Gayot en profite pour faire reproduire le « Code Noir, ou Edit du Roi servant de règlement pour le gouvernement, et l'administration de la justice et de la police des Isles françoises de l'Amérique », de mars 1685 qui est appliqué avec plus ou moins de réussite aux Antilles en 1687, puis étendu à la Guyane en 1704, à La Réunion en 1723 et en Louisiane en 1724. C’est comme si dans un « Paris Match » de 1981, on trouvait côte à côte le récit palpitant de l’enterrement de vie de garçon du prince Charles, petite mort sociale en soi qu'il serait de bon ton d'abolir, et le texte in extenso de la loi portant abolition de la peine de mort.  Du côté des Mémoires de chirurgie, on ménage de la place pour le texte du docteur Henri François le Dran (1685-1770) qui le premier a compris que le cancer débute localement et s'étend ensuite vers les ganglions lymphatiques. Cette théorie issue des observations des cancers de la peau et du sein fut capitale. On préconisa désormais une large excision de la tumeur et des ganglions lymphatiques axillaires. Observation et ablation bataillèrent ensemble contre le mal que Le Dran stigmatisa au travers de plusieurs cas dont celui de la femme d’un cocher qui, alors qu’on venait à peine de lui enlever un premier sein et qu’on lui conseillait l’ablation du second, se sentit « assez de force pour supporter tout de suite l’amputation de l’autre mamelle, … son courage y détermina, on fit sur le champ la seconde opération ». Depuis huit ans que les faits avaient eu lieu, la vaillante bonne femme vivait guérie.

Bien entendu aujourd’hui, la justice et la chirurgie ne sont plus ce qu’elles étaient en cette deuxième moitié du siècle des lumières. Aujourd’hui, Angelina Jolie médiatise l’ablation de ses seins et de ses ovaires ; on intente  des procès pour racisme à Hergé – que les fétiches aient son âme - pour son Tintin au Congo. (Hergé est partout… même dans les Mémoires de chirurgie qui présentent les aïeux de Rastapopoulos).  
(Hergé est partout… même dans les Mémoires de chirurgie
qui présentent les aïeux de Rastapopoulos)
Dès la fin du XVIIIe s., les ça ira, ça ira révolutionnaires changèrent bien des choses dans l’une et l’autre discipline, ouvrant les vannes de ce qu’on appellera longtemps le progrès. Mais il ne faudrait pas croire que ces éditions soient obsolètes. Au contraire. Le goût de l’anecdote qui a colonisé les volumes que nous feuilletons, a fini par recevoir ses lettres de noblesse et pour cause. Grâce à lui, c’est la vie, la vraie, que nous lisons au fil des pages. Fi des romans, des histoires morales, des pièces de théâtre qui fabriquèrent un quotidien artificiel. Les Causes célèbres et les Mémoires nous offrent un voyage rafraichissant dans le temps, N’est-ce-pas épatant de se rendre compte que le « garde-chasse [qui] reçut un coup de fusil, dont la balle lui perça le scrotum de part en part et endommagea le testicule gauche […] avait selon toute apparence les bourses pendantes, car le dedans de la cuisse gauche était entamé, par le trajet de la balle, de l’épaisseur d’un écu » à savoir, à trois travers de doigt plus bas que la blessure de scrotum. N’est-ce-pas étonnant de suivre les tenants du procès concernant un « soufflet donné à une jolie femme ». « L’action parut très brutale parce que cette femme était très jolie » et accessoirement enceinte. Ce qui permet à Gayot de nous faire partager quelques réflexions. « Une femme [enceinte] fut-elle souillée du parricide le plus affreux, est respectée par la Justice elle-même, qui suspend son glaive pendant qu’elle est grosse ». Et de déraper sur une royale anecdote qu’il glisse en note, et qu’à notre tour nous ne résistons pas à reprendre. « La reine d’Espagne, fille de Monsieur, épouse de Charles second donna un soufflet à la camarera Major qui avait tué ses perroquets parce qu’ils parlaient anglais ». La camarera était fort bien née, fille et petite-fille de Grands d’Espagne qui vinrent taper du pied, frétiller de la fraise, en un mot se plaindre au souverain. Mais quand « elle dit qu’elle avait donné ce soufflet par une envie de femme grosse, tout le monde jugea qu’ils devaient être satisfaits ».


Le plus réjouissant  dans tout cela est que ce voyage au XVIIIe siècle ne nécessite ni carburant, ni électricité ; seulement la force d’une double énergie renouvelable et millénaire : celle de la main qui tourne la page et de l’œil qui lit. © texte et illustrations villa browna / Valentine del Moral.


LES LIVRES  QUI ONT PERMIS D’ÉCRIRE CETTE LORGNETTE sont en vente à la librairie:
 

Gayot de Pitaval, François.  Causes célèbres et intéressantes avec les jugemens qui les ont décidées recueillies par M*** avocat au parlement.
Paris Chez Guillaume Cavelier, 1737-1741
20 vols in-12, pleine basane brune. Dos à cinq nerfs, orné et doré. Pièce de titre et de tomaison rouge. Tranches rouges avec signet. Chasses dorées. Incidents aux coiffes, frottements.
L’ex-dono figurant aux pages de titres a été systématiquement et très minutieusement découpé. Quelques incidents aux feuillets sans gravité.
Exemplaire à grandes marges. Rare série complète et en reliure homogène de ce premier recueil connu de Causes célèbres. Recueil des plus réjouissants ne suivant aucun ordre de sujet ou de date. Cela lui fut reproché autrefois. Cela nous comble d’aise aujourd’hui. En savoir plus - commander.

Mémoires de l'Académie royale de chirurgie.
Paris, Le Prieur et Delaguette, 1757-65.
15 volumes in-12, plein veau. Incidents aux coiffes, frottements.
Très nombreuses planches dépliables en très bon état. 4 frontispices identiques aux tomes 1, 4, 7, 10, par Cochin fils et représentant 3 personnages en habits romains dans un camp militaire. Une jeune femme à gauche, tenant à la main les Mémoires de l'Académie royale de chirurgie, en fait présent au Roi, sous le regard bienveillant d'une Minerve casquée. Le premier volume contient une dédicace au Roi signée de La Peyronie et une importante préface de F. Quesnay.
En savoir plus - commander.



BIBLIO

Christelle Rabier, « Vulgarisation et diffusion de la médecine pendant la Révolution : l’exemple de la chirurgie* », Annales historiques de la Révolution française, 338 | 2004, 75-94.

Extrait de la préface de Jean-Paul Bouchon. Angélique de la Motte, religieuse prétendue hermaphrodite. par M. Richer